Nous étions donc de retour à Hanoi avec une question en tête : quelle allait être la destination suivante?
La réponse? Sapa. Une ville au Nord de Hanoi, dans les montagnes, quasiment à la frontière avec la Chine. Etant en altitude, on ne peut pas directement y accéder, et c'est pourquoi, nous avons d'abord pris un train de nuit jusqu'à Lao Cai... Et croyez-moi, ce ne fut pas une partie de plaisir. Pas du tout. En étudiants bagpackers qui se respectent, nous avions acheté les tickets les moins chers, à savoir "sans couchette, siège en dur". Pas de mensonge dans cette description : nous sommes restés sur des bancs (pour 2 personnes... s'allonger dessus relevait donc du contorsionnisme) en bois pendant les 9 heures qu'a duré le trajet!
Non, tout ça ne respire pas vraiment la joie de vivre. Et je ne vous parle pas de moi... mon système digestif avait décidé de se mettre en grêve une heure avant le départ...
Victor a bien essayé au début de s'allonger par terre en dessous des sièges, mais apparemment ce n'était pas si bien que ça et il est assez vite remonté sur nos bancs préférés.
Si vous avez lu mon précédent article, vous savez que les bus vietnamiens sont extrêmement lents. Et bien les trains sont ENCORE PIRES! Même raisonnement; il y a 272 km entre Hanoi et Lao Cai, 272 km que le train a parcourus en 9h... 30,2 km/h DE MOYENNE!
NEW-WORLD-RECOOORD!
Certes, nous ne faisions pas les malins, mais a posteriori, nous pouvons en rigoler. En fait, même sur le moment, c'était par exemple marrant de voir des vendeurs faire des aller-retour dans le train et vendre, en plus de snacks, des shots de bang ;)
Par contre, gare aux voleurs! A un moment, Roland s'est réveillé et a vu penché au dessus de lui, un Vietnamien s'apprêtant à fouiller ses affaires!
7h du matin, le 9 janvier, nous arrivons enfin à Lao Cai. A peine arrivés, nous sommes sollicités en tout sens pour tel ou tel mini-bus, taxi ou motobike ("xe om" en Vietnamien). "Non merci!", en bon épicuriens, nous décidons d'aller d'abord dans un café, puis prendre un bun pho en guise de petit dej'...
Erreur! Quand nous sortons du restaurant, bien decidés à prendre un mini-bus pour Sapa, la place grouillante de tout à l'heure est maintenant quasiment déserte! Seuls des taxis et des motobikes sont disponibles pour minimum 100000 VND par personne. Nous décidons d'attendre un peu, et bien sûr, un nouveau Vietnamien nous aborde proposant le trajet pour Sapa en minibus pour 50000 VND. Banco, nous montons! Mais, évidement le mini-bus n'est alors pas plein... Ce n'est donc qu'une demi-heure plus tard, après avoir maximiser l'espace (la dernière personne à rentrer s'est assise sur un sac de riz, tous les sièges de la rangée étant déjà occupés ^^), que nous partons direction Sapa. Nous rencontrons alors une Hollandaise, infirmière pour une organisation internationale, qui ayant accumulé des jours de congé, était au début de 6 mois et demi de voyages en Asie. Ayant passée 1 mois au Népal, elle m'a d'ailleurs donné des idées et conseils pour mon futur séjour là-bas, qui n'allait pas tarder!...
Lors de la montée vers Sapa, on decouvre un paysage montagneux, sculpté par des rizières en étage. Le temps est malheureusement gris mais tout de même, je suis emerveillé par ce type de paysage que je n'avais jamais vu auparavant.
Nous sommes arrivés a Sapa vers 10h30, dans un froid humide et du brouillard, et avons suivi notre nouvelle amie Hollandaise, dont le Lonely Planet recommandait avec insistance une auberge de bagpackers, le Pinocchio. On voit tout de suite que Sapa est un lieu hautement touristique. Outre les nombreux toursistes, même en période dite creuse, les restaurants, cafés et bars sont à la mode occidentale : des boulangeries, des restaurants italiens, et même...
Un bar tabac!
A peine arrivés a l'hotel (qui est globalement très bien, soit dit en passant), Victor prouve une nouvelle fois ses talents de linguiste en negociant en Vietnamien (il avait déjà passé 2 mois au Vietnam il y a 4 ans) le prix de la chambre triple a 250 000 au lieu de 315 000 VND. Comme quoi, si on peut négocier dans un hotel, aucun prix au Vietnam n'est définitif! Je précise ici que, si je dis ça, c'est que je suis la situation vécue par tous les étrangers, auxquels les prix demandés sont sans aucun doute plus élévés que ceux demandés aux Vietnamiens. Peut-être que les Vietnamiens ne négocient pas autant que nous, mais nous y sommes finalement obligés si nous ne voulons pas nous faire rouler.
Première constatation quand nous rentrons dans la chambre; même a 1800m d'altitude, le chauffage semble être un mot étranger :) Tout de suite fut-il décidé d'adopter la technique du pingoin : nous avons mis en commun nos 3 couettes, et avons tous dormi dans un seul lit, serrés, mais au chaud!
Mais revenons à notre apres-midi. Sapa et ses environs ne sont pas habités uniquement par des Vietnamiens. De nombreux villages aux alentours abritent deux minorités : les H'mongs et les Zaos. L'après-midi étant déjà entamé, nous sommes partis à pieds vers un village proche de Sapa, Cat Cat, habité par des H'mong. Nous nous acquittons des 35 000 VND de droit d'entrée avant d'emprunter le chemin qui mène au village. Un chemin ponctué de "come here, come see my shop" à chaque boutique de souvenirs H'mong que l'on croise... et c'est ainsi que Roland craqua et se convertit a l'islam ;)
BG!
Sur la descente vers le village, nous découvrons ce paysages de rizières en étages.
Au bord du chemin, les enfants se retrouvent pour jouer. Et apparemment, les billes sont à la mode ici! :)
Nous arrivons finalement au village mais sans vraiment avoir saisi la vraie nature de cette minorité, puisqu'elle ne se montre que derrière la facade de ses boutiques. Je pense qu'ils vivent en grande partie du tourisme et de la vente de bijoux en argent et de broderies. Le village n'apporte rien d'exeptionnel, à part peut-être un spectacle de danse mais qui ne commence qu'une demi-heure plus tard. Voulant sortir du chemin touristique et decouvrir plus en profondeur les environs, nous décidons alors de repartir sans attendre. A peine engagés sur un petit sentier que deux H'mong nous doublent... CHALLENGE ACCEPTED! Nous les suivrons jusqu'au bout!
Le paysage que nous traversons est magnique, très verdoyant et il n'y a bien que nous et nos deux "guides". Ils rigolent bien d'ailleurs, sereins, en nous voyant enlever une a une toutes nos épaisseurs, notre rythme cardiaque fleurtant avec les 180 battements par minutes :)
Nous n'allions pas tarder à connaître le poids du fardeau que ce monsieur portait ;)
Tiens? Que voit-on à droite? Je crois que ça mérite un zoom pour en avoir le coeur net...
Oui, c'est bien ça, la première épaisseur part ;)
Alors que nous pensions nous diriger vers leur village, ils s'arrêtent en fait devant deux poutres de bois sorties de nul part, avec l'intention évidente de les rammener jusqu'au village. Erreur ou pas, notre volonté d'immersion dans la vie des H'mong prend le dessus et nous voici, Roland et moi, une planche sur l'épaule. Au bout de 2 minutes, je craque, la poutre me perfore l'epaule. Victor vient à la rescousse. Puis, sentant que Roland est lui aussi à bout, un de nos deux guides me remplace pour que je puisse aller l'aider. A partir de là, c'est un travail purement colectif qui permet d'arriver jusqu'en bas du village. Mais, bon dieu! Comment ces H'mongs, petits et minces, font-ils pour porter une planche tout seul sur cette distance??
La preuve.
En sueur (nous, pas eux ^^), tout sourire, nous échangeons une poignée de main et les laissons pour l'ascension jusqu'à la partie haute du village. Nous les voyons prendre une pause avant de repartir, se disant que c'est bien normal vu la pente de l'escalier. Ils sont aussi humains après tout!... mais quand on les voit repartir, non plus avec une planche mais bien avec deux planches chacun, le doute s'immisce! Nous sommes pantois, comment est-ce possible?! L'abscence de MacDo dans le coin est une hypthèse, mais la répétion de cette tâche plusieurs fois par jour en est une plus vraisemblable. Incroyable de quoi le le corps humain est capable!
Ce sont eux, mais un zoom est nécessaire pour authentification de l'exploit...
Oui, ils ont bien deux planches sur l'épaule!
De retour au village, nous attrapons la démonstration de danse en cours. Plusieurs danses s'enchaînent, très originales. L'une d'entre elles met en scène un adolescent, qui danse (mouvements fluides, roulades, etc.) et joue d'une sorte de flute en même temps, sans jamais qu'il y ait de coupure, ni dans la danse, ni dans la mélodie. La dernière, nous la connaissons bien, pour l'avoir vue et essayée lors des spectacles de la Semaine Asiatiaque (assoc' de l'insa) : la danse des bambous! Ni une ni deux, dès que les danseurs "officiels" invitent le public, nous montons sur scene. C'est à la suite de cet épisode que nous devinrent connus par les touristes de Sapa comme "les danseurs" ;)
Le danseur dont je parlais
La fameuse danse des bambous!
Finalement, nous repartons direction Sapa, où nous passons la soirée à l'hotel. Dîner puis jeu de carte expliqué par Roland (le "rami indien"), totalement lié à la chance du moment (la mienne était inexistante, celle de victor scandaleuse, et pourtant Roland finit par gagner).
Le lendemain, il fait toujours aussi froid et le brouillard n'a pas bougé. Nous louons deux motobikes pour partir à la decouverte de Ta Pinh, où habitent, assez proches, les Zaos et les H'mongs. Nous traversons dans la brume de coutume, un paysage de rizières en étages, habité de cochons noirs (pour le plaisir de Victor, mais je ne me rappelle plus pourquoi? ^^) et de canards.
Puis nous atteignons la partie Zao. Premier stop : voyant des adolescents qui se font des passes de foot, nous rejoignons leur cercle. Certains pieds nus, d'autres en simple sandales... par ce froid digne d'un congélateur, on se demande comment leurs pieds restent accrochés à leurs jambes quand ils tirent!
Reprenant notre chemin, nous croisons des mères Zao qui nous proposent d'aller chez elles, dans le but de nous vendre ensuite leurs créations. Finalement, nous décidons d'aller manger chez l'une d'entre elle. Bien sûr, toutes suivent, et l'une d'entre elle parlait anglais. Pouvant alors communiquer, nous lui posons de nombreuses questions et apprenons de manière decousue que cela fait 20 ans que cet endroit est devenu touristique, que Vietnamiens, H'mongs et Zaos ne se melangent pas, etc.
Finalement, non sans se voir une nouvelle fois proposés d'acheter des souvenirs (je trouve dommage que le tourisme ait rendu ces gens à ce point interessés... et non pas "disponibles" : je veux dire par là que j'apprécierait plus faire le premier pas vers des personnes ouvertes à faire découvrir leur culture, plutôt que de me faire assaillir), nous repartons avec un nouvel objectif : The Silver Waterfall.
C'est en chemin que le miracle est arrivé... Pour le première fois depuis que nous étions arrivés à Sapa, le soleil a percé les nuages! Une renaissance!
Nous avons réintingré le brouillard pour atteindre les chutes d'argent, sur lesquelles je ne vais pas m'attarder... enfin, je vous laisse juger :)
Juste après, nous sommes rentrés à Sapa, et avons troqué nos scooters pour le bus qui allait nous ramener à Hanoi. Et alors là, c'était la grande classe comparée au train : nous avions des couchettes, et pas en dur! Du coup, même si nous allions passer toute la nuit dans le bus, le smile était là!
Bye bye Sapa!